Le nucléaire iranien ou la croisée des chemins
Par A H
(Publié par Le Quotidien d'Oran le 24/08/06
En déclarant que "si les gens se moquent du Conseil de sécurité des Nations unies, il faut que cela ait des conséquences", Bush ne fait que confirmer sa mauvaise manie d’interpeller le besoin de paix et de justice des hommes pour en faire une excuse de guerre et d’injustice. Sa dichotomie du « bien » et du « mal » lui a déjà servi d’alibi pour détruire des pays et exterminer des populations entières, son « combat » contre le terrorisme lui a servi de tremplin pour l’invasion et l’occupation d’autres pays alors que son prêche de la « démocratie » lui a servi d’excuse pour déstabiliser des Etats et soumettre des régimes et des peuples.
Israël n’a jamais cessé de se moquer du Conseil de sécurité sans pour autant donner idée à Bush d’une quelconque sanction. Pire, il a toujours considéré que les sionistes sont en légitime défense même lorsque ce sont leurs avions et leurs chars qui tuent des civils désarmés et innocents en Palestine ou au Liban. Et lorsque, en violation de la résolution 1701, Israël a mené des opérations au Liban, Bush n’a même pas soufflé mot.
Si, aujourd’hui, il brandit l’étendard de la paix de la planète, lui qui n’a même pas daigné signer les accords de Kyoto sur la protection de cette même planète, c’est tout simplement parce qu’il a en tête de demander des sanctions contre l’Iran auquel il ne reconnaît pas le droit, légitime pourtant, de développer sa technologie nucléaire.
Depuis que le bloc soviétique s’est effondré, laissant la place libre à la seule puissance américaine, le monde n’a cessé de subir le dictat de Bush et son administration. Un dictat trempé dans le mépris et le dédain de l’autre et supporté par une puissance militaire aveugle et insensée.
Mais le dictat finissant toujours par se fracasser sur le mur de la volonté d’hommes déterminés, comme cela vient d’ailleurs d’être le cas pour les israéliens devant la fermeté de la résistance libanaise, Bush et son administration, qui ont déjà bu la tasse de leur impuissance dans le cas du nucléaire nord coréen, savent qu’ils risquent gros, et même très gros, dans l’affaire de l’Iran dans laquelle ils jouent leur hégémonie. Pas moins !
Les manœuvres globales menées par les différents corps de l’armée iranienne sont certes un signe fort de Téhéran concernant sa détermination à ne pas revenir sur son choix stratégique et les dernières déclarations de responsables iraniens ne laissent aucun doute là-dessus, mais là n’est pas le plus important.
En se lançant dans un conflit avec les iraniens, les américains savent qu’ils se mettraient, de fait, dans une croisée de chemins où d’autres puissances, la Chine et la Russie notamment, seront présentes avec l’ambition légitime de gagner en positionnement et en rôle dans un monde dans lequel l’uni-polarité a atteint depuis quelques temps déjà ses limites. Et ce ne sont ni les prétentions dominatrices des américains ni les convictions guerrières de Bush qui empêcheraient ces deux puissances de jouer le rôle qu’ils considèrent déjà le leur. n